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NEUVILLE SAINT VAAST ET LES GUERRES
Neuville Saint vaast et les guerres





Lorsque fin Août 1914 les soldats français laissent de côté leurs fusils pour, à la demande de JOFFRE, creuser à la pelle des trous afin de ne plus jamais reculer face aux Allemands, ces soldats ne savent pas qu’ils dessinent un fond de tranchées qui finira par s’étendre d’Ostende à Bâle, sur près de 700 kilomètres…
Dès lors, pendant plus de 4 ans, des millions d’hommes vont se relayer dans ces tranchées, venant y perdre un bras, la vie, la raison ou simplement l’insouciance de leurs vingt ans.
Lorsque Décembre 1914 surprend les armées engourdies sur cette frontière qui ne dit pas son nom, chacun comprend qu’il ne rentrera pas chez lui pour la Noël, comme espéré.

JOFFRE tente bien de percer le front les 17 et 18 décembre avec l’appui de l’armée britannique mais cette attaque se solde par de nouveaux corps abandonnés sur le "no man’s land".

Alors chaque Etat Major, chaque Nation se résigne à organiser un Noël exceptionnel pour les hommes qu’ils ont envoyé combattre là bas et qui rentreront au printemps, comme le pense chaque camp.

C’est ainsi que débarquent dans les tranchées françaises, britanniques et allemandes les meilleurs vins, champagne, whiskys, schnaps.
L’ordinaire de la cantine devient extraordinaire.

Chaque soldat peut jouir d’un menu souvent plus fastueux que celui qu’il partageait auprès des siens, il y a un an, une éternité…

Dans certains secteurs, les ardeurs guerrières ne se sont nullement émoussées par la veillée de Noël : on se bat en maints endroits et on y meurt, même un soir de Noël…

Mais dans beaucoup d’autres endroits, le canon se tait depuis quelques jours. Des moineaux se sont même risqués à revenir virevolter en des lieux qu’ils avaient désertés.

Alors on mange le festin des cuistots autour des braseros de charbon, quand on a du charbon. Les souvenirs de la famille à l’arrière, des Noëls d’antan dansent dans les yeux de ces hommes si loin de chez eux, de leurs parents, leurs femmes, leurs enfants.

Une immense nostalgie nimbée de tristesse se glisse dans les tranchées et s’insinue dans les cœurs. En beaucoup d’endroits, la nuit se passe dans cette atmosphère mais en d’autres endroits des hommes bravent l’interdit…

Car en ces endroits, les allemands ont posé sur le sommet de leurs tranchées des sapins de Noël illuminés et à 100 mètres de là des français ou des britanniques regardent ces lumières improbables scintiller dans la nuit de Noël.
Des voix se risquent à entonner « stille nacht » aussitôt repris en anglais ou en français selon les lieux.
Le chant, la musique (harmonica ou cornemuse) tendent une passerelle entre les tranchées qui se font face.
Alors des hommes peu à peu sortent de leurs tranchées, sans fusils et osent s’avancer sur le "no man’s land" à la rencontre de celui qui chante la même chanson, en face avec ses mots à lui.

Les hommes se rencontrent au milieu du "no man’s land" enneigé en certains endroits... On tend la main vers l’autre, on goûte à son gâteau, son alcool.

Comme l’écrira BARTHAS, tonnelier du sud-ouest de la France, perdu dans la plaine de l’Artois, la communauté de souffrance et de misère unissait ces hommes, sous des uniformes différents.

Pendant quelques heures, quelques jours, voire plus selon les endroits, les hommes n’ont plus combattu. Ils se sont vus souvent pour boire, manger, s’échanger des journaux, leurs adresses pour se revoir après tout ça…
Bien sûr les Etats Majors ont su, bien sûr ils ont moyennement apprécié et bien sûr la guerre a repris ses droits…
Mais aucun Etat Major n’a pu effacer de la mémoire des fraternisés le souvenir des sapins, des chansons, des rires et des visages de ceux d’en face, si semblables aux leurs.